loading

Loading...

On a posé pour vous 9 questions imposables à une sexologue

On a posé pour vous 9 questions imposables à une sexologue

5 septembre 2023

Delphine Louzet est sexologue de profession, et chroniqueuse érotique pour le site Être Heureux en Couple. Cette semaine, Delphine nous parle des accros aux tubes et aux tags…

La pornographie est-elle le nouvel opium du peuple ?

Quand on regarde les chiffres, on peut en effet le penser. Chaque seconde, 28 258 internautes sont en train de visionner du porno. Un site sur dix est un site porno. 25 % des recherches sur le web concernent le porn. Et l’industrie porno mondiale rapporte 4,9 milliards de dollars. Est-ce pour autant que cela endort le peuple pour mieux le contrôler ? Hum, pas sûr qu’il y ait vraiment un lien entre la théorie marxiste et notre sujet. Je ne vois pas le mec ou la fille qui se dit « Allez ! Aujourd’hui je vais faire la révolution ! », puis regarde un porn, et se résigne : « Ah non, en fait, non, je vais rester sur mon canapé. »

« Pense à ton boss, tes collègues, tes potes, ton petit cousin, ta mère qui peuvent potentiellement te voir à poil sur ton canapé, les attributs à l’air, la peau blanche comme un cul et le cheveu filasse »

« Si je fais si bien l’amour, c’est que je me suis longtemps entraîné tout seul », info ou intox ? Le porn-addict est-il un meilleur baiseur ?

Info ou intox ? Les deux, mon général. La masturbation permet, chez l’homme et la femme, de mieux connaître son corps, son plaisir, et d’explorer mentalement, librement, sans cadre ni contrainte réalistes ses fantasmes. Et alors d’être souvent plus épanoui dans une sexualité de couple. Donc c’est cool. Après, je ne crois pas que le porn-addict soit meilleur baiseur. D’une part, s’il est vraiment addict, il a un petit problème, le jeune homme ! D’autre part, les vidéos pornos actuelles ne sont pas des tutoriels. La sexualité, telle qu’elle y est représentée, ne correspond pas du tout à la vraie vie. Mais ça, tu le sais, je pense. C’est de la mise en scène. L’actrice qui joue Nellie Olson dans La Petite Maison dans la Prairie n’est pas vraiment méchante, tu sais, dans la vraie vie.

Si je poste la sex-tape que j’ai fait avec ma copine sur PornHub, suis-je un salaud ou un champion ?

À moins que tu aies son accord, et que c’est votre délire, j’opterais pour la réponse « un ». Et puis là, tu fais ton malin, mais pense à ton boss, tes collègues, tes potes, ton petit cousin, ta mère (tout le monde regarde du porno) qui peuvent potentiellement te voir à poil sur ton canapé, les attributs à l’air, la peau blanche comme un cul et le cheveu filasse, filmé avec ton iPhone et une lumière jaune de lampe Ikea… Tout le monde ne s’appelle pas Dorcel. Penses-y !

Une copine à moi a découvert dans l’historique Google quel genre de porno regardait son mec. Depuis, elle flippe. « Dis-moi quel porno tu regardes, je te dirai ce que tu es », est-ce vrai ?

« L’espace fantasmagorique est un espace de liberté, qui ne répond pas à des codes de bienséance ou à des normes sociétales. »

Il faut régulièrement supprimer les données de son historique Google. Conseil de sage. Pour ta copine, voilà ce que je lui dirais : ne t’inquiète pas, ce n’est pas parce que ton mec regarde des trucs un peu chelous sur le web qu’il est taré, qu’il ne fantasme que sur cela et qu’il va vouloir reproduire la même chose dans ton couple. À moins qu’il soit un peu con-con. L’espace fantasmagorique est un espace de liberté, qui ne répond pas à des codes de bienséance ou à des normes sociétales. Tant que l’on reste dans le cadre de vidéos mettant en scène des adultes, consentants bien sûr. C’est un peu son petit jardin secret à lui, vois-tu ? Comme quand tu t’enfiles un paquet entier de Shokobons devant la télé. Ce n’est pas « bien » mais pas dramatique non plus. Tu ne le fais pas devant ton mec, et ce n’est pas pour cela que tu vas désormais te nourrir uniquement de Shokobons. C’est ton petit jardin secret à toi. En chocolat.

D’un tag à un autre, on finit par regarder des trucs très hardcore, parce que le porno banalise les images. Comment lutter contre cela ?

Il est loin en effet le temps de l’excitation sexuelle via les pages lingerie de la Redoute. Lutter contre l’instinct d’aller chercher de plus en plus hardcore ? Pas simple. Il s’agirait peut-être de faire une pause dans sa consommation de porno. Et pourquoi pas réapprendre à se caresser en fermant seulement les yeux, sans support masturbatoire. Cela peut paraître cul-cul, mais je crois en la vertu de l’imagination érotique. Sade fait dire à un de ses personnages dans La Nouvelle Justine : « Rien ne me fait bander comme cette idée. » OK, c’est facile, il n’avait pas Internet. Mais il nous reste quand même à notre époque la capacité de solliciter notre imaginaire, non ? On parle de « slow life » partout, pourquoi pas du « slow sex » ?

Il y a deux catégories de mecs hétéros : ceux qui ont regardé des pornos entre potes et ceux qui trouvent que les premiers sont gays. Tu peux trancher cette éternelle controverse ?

D’après ce que j’en sais, c’est une expérience plutôt masculine et adolescente. Je m’inquièterais plutôt pour les hétéros qui pensent que les mecs hétéros qui ont fait cela sont gays. C’est plutôt marrant de découvrir la sexualité et de ne pas le faire tout seul dans son coin. Sinon quoi ? Les mecs qui vont dans des clubs libertins et qui voient d’autres hommes se branler sont gays ? Et tous ceux qui sont excités en regardant une vidéo porno, avec un gros plan de sexe masculin qui éjacule (c’est-à-dire une image présente dans 90 % du porno) sont gays ? OK, vous êtes tous gays alors, les mecs. Cool, j’ai plein de potes célibataires à vous présenter.

« Tout est permis dans la représentation du sexe, mais entre adultes consentants. Pas sûr que Kiki le labrador soit vraiment consentant. »

Est-ce que les mecs qui regardent des vidéos de gang bang sont forcément des mecs qui ont envie de regarder leur meuf se faire démonter par un troupeau de bisons ?

Je fais confiance au genre humain pour faire la part des choses entre une image qui peut être excitante et la vraie vie sexuelle. Vraie vie qui peut être d’ailleurs plus riche, plus bandante, et plus joyeuse que ce que l’on voit dans les tubes. Et puis c’est bien connu, les bisons sont des bâtards.

Quelle attitude adopter si, en utilisant l’ordi d’un pote, on remarque dans l’historique qu’il a consulté une vidéo zoophile ? On en parle avec lui ? « Copain, pourquoi tu regardes des brésiliennes qui sucent des labradors ? »

Si cela t’arrive, j’ai envie de te dire : « Bon courage ! » Soit il est tombé dessus par tag interposé, et du coup cela s’affiche dans son historique. Soit il a vraiment des fantasmes zoophiles, et là, eh bien c’est compliqué. Pas de sexualité libre sans tabous. Je pense que tout est permis dans la représentation du sexe, mais entre adultes consentants. Pas sûr que Kiki le labrador soit vraiment consentant.

Au final, les filles aussi regardent du porno en ligne, pas vrai ?

Oui, les femmes aussi regardent du porno. Certes, moins que les hommes : d’après un récent sondage Ipsos, 18 % des femmes en voient régulièrement ou de temps en temps, contre 63 % des hommes. Le problème étant, je trouve, de trouver des vidéos qui sortent de la mise en scène basique des fantasmes masculins et d’une image stéréotypée de la sexualité, basée sur le fameux duo, très élaboré du : « tu la sens ma grosse b… ? » et « tu aimes ça, salope, hein, ma grosse b… ? ». Bonne nouvelle, depuis quelques années, il commence à y avoir des productrices, des scénaristes, des réalisatrices qui s’attaquent au sujet et apportent des choses différentes au porno. Je pense à Ovidie, et à Erika Lust notamment. Go girls, go !

Que doit-on taper dans Google pour trouver le point G ?

Contrairement à ce qui est dit dans 50 Shades, une femme n’a pas forcément besoin d’un homme pour trouver le plaisir. Mais si cela t’intéresse, lâche ton ordi, chéri. Débranche-toi, achète une bonne bouteille de vin, et passe quelques heures au lit avec ton amie. Pars explorer cette merveilleuse contrée : le plaisir féminin. Pas besoin de Google maps, juste de ta bouche et d

Share This

Leave a Comment

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.